Comprendre la blessure d’abandon
On ne la voit pas. Elle ne saigne pas. Et pourtant, la blessure d’abandon peut être l’une des plus profondes, des plus silencieuses aussi. C’est cette fêlure émotionnelle, bien souvent née tôt dans la vie, qui laisse derrière elle une peur viscérale d’être rejeté, oublié… ou pire : de ne jamais avoir compté.
Dans le langage du développement personnel, elle figure parmi les fameuses cinq blessures de l’âme de Lise Bourbeau, aux côtés du rejet, de la trahison, de l’humiliation et de l’injustice. Mais celle-ci a quelque chose de sournois. Elle s’infiltre dans les relations, sème le doute dans l’estime de soi, et pousse parfois à chercher l’amour là où il blesse davantage qu’il répare.
Du côté des psychologues, on parle de syndrome d’abandon, ou encore de névrose d’abandon – un terme moins à la mode aujourd’hui, mais qui dit bien ce qu’il veut dire : derrière ce trouble, il y a un vide, une absence, une angoisse constante que l’autre s’éloigne, s’évapore, nous laisse sur le bord du chemin. La psychanalyste Germaine Guex, qui a posé les premiers mots cliniques sur ce mal-être dès les années 1950, décrivait déjà ce besoin quasi vital de sécurité affective comme le moteur – ou le frein – de toute une vie.
Ce qui rend cette blessure particulièrement complexe, c’est son double visage. D’un côté, un manque affectif si fort qu’on chercherait presque n’importe quel amour pour combler ce vide. De l’autre, une peur panique que ce même amour s’évanouisse.
« Résultat : on veut s’attacher, mais on craint l’attachement. On s’approche, puis on recule. Et l’on répète le cycle, encore et encore. »
Origines psychologiques de la blessure d’abandon
Ce genre de blessure ne surgit pas du jour au lendemain. Elle se construit – ou plutôt, elle s’imprime – dès les premières années de vie, parfois même sans que personne ne s’en rende compte.
Souvent, tout commence dans l’enfance. Quand l’amour ne suffit pas, ou quand il n’est pas perçu. Il peut s’agir d’un parent absent, d’un divorce, d’un décès. Mais ce n’est pas toujours une question de présence physique : certains enfants grandissent entourés, et pourtant… personne ne les a vraiment regardés, écoutés, ni rassurés dans leurs moments de détresse. Ce sont ces absences émotionnelles – aussi invisibles soient-elles – qui creusent les premiers sillons de la peur d’abandon.
Un regard détourné au mauvais moment. Des besoins affectifs non entendus. Et peu à peu, l’enfant intègre un message : je ne suis pas assez important pour qu’on reste.
Sigmund Freud avait déjà mis en lumière l’angoisse du nourrisson face à la séparation. René Spitz, lui, avait observé que certains enfants privés de contact et de lien humain sombraient dans ce qu’il appelait la dépression anaclitique – une forme de détresse psychique intense qui naît du manque de présence et d’amour dans les tout premiers mois de vie.
Mais cette blessure ne s’arrête pas toujours à l’enfance. Parfois, elle se réveille plus tard. Un décès, une rupture brutale, des mots qui blessent, un parent qui s’efface… Ce qui est important, ce n’est pas tant ce qui est arrivé en soi, mais comment cela a été ressenti. Un simple épisode, vécu sans soutien ni écoute, peut marquer à jamais.
Et puis, il y a ceux pour qui la blessure semble venir de plus loin. Certains évoquent des transmissions invisibles, des souffrances héritées de générations passées – comme si des mémoires émotionnelles s’étaient glissées dans les interstices de l’ADN. D’autres y voient une empreinte karmique, une leçon que l’âme aurait choisie pour grandir.
Quelles que soient ses racines, la conséquence est souvent la même : un lien à l’autre teinté d’insécurité. On s’attache, oui… mais on a peur, toujours, d’être laissé de côté. Et cette peur, même adulte, continue de diriger – parfois à notre insu – nos amours, nos amitiés, notre manière d’être au monde.
Quelles sont les conséquences de la blessure d’abandon ?
La blessure d’abandon est une cicatrice émotionnelle profonde qui touche des millions de personnes, souvent sans qu’elles en aient pleinement conscience. Elle trouve ses origines dans des traumatismes vécus, souvent dès l’enfance, et influe sur la manière de vivre les relations, qu’elles soient amoureuses, familiales ou même professionnelles.
Par sa complexité, cette blessure peut se manifester sous forme de comportements autodestructeurs, de dépendances affectives et d’une peur paralysante du rejet.
Plongeons dans les ramifications émotionnelles, comportementales et relationnelles de ce qui peut être considéré comme une des blessures fondamentales de l’âme.
La blessure d’abandon : une empreinte émotionnelle enracinée dès l’enfance
La blessure d’abandon résulte bien souvent de la perception (réelle ou ressentie) d’un manque de présence ou de soutien émotionnel durant l’enfance. Une séparation avec un parent, un divorce, une perte ou simplement un manque d’attention affective suffisent à inscrire profondément ce sentiment de solitude dans l’inconscient d’un individu.
Bien que cette blessure prenne racine dans l’enfance, elle continue à influencer la manière dont nous interagissons avec le monde, parfois même à l’âge adulte, dans des contextes apparemment dénués de lien avec le passé.
Par exemple, un enfant qui n’a pas été rassuré lors de ses pleurs ou dont les besoins affectifs n’ont pas été reconnus peut développer une peur viscérale d’être laissé seul. Cela se traduit souvent par une dépendance émotionnelle excessive dans les relations adultes, ou à l’inverse, par une tendance à éviter toute forme d’attachement.
Quand la blessure s’exprime : émotions et comportements au quotidien
Vivre avec une blessure d’abandon, ce n’est pas juste craindre que l’autre parte. C’est porter, parfois sans le savoir, un poids invisible qui colore toute la vie intérieure – et par ricochet, les relations. Cette peur sourde d’être laissé pour compte se faufile dans nos émotions, nos pensées, nos automatismes. Elle agit comme un filtre déformant à travers lequel tout semble instable, fragile, précaire.
Voici quelques-unes des formes que peut prendre ce fardeau au quotidien.
Une solitude angoissante, presque insupportable
Pour quelqu’un qui a connu, un jour, le sentiment d’être abandonné, la solitude n’est pas neutre. Elle n’est pas simplement un moment calme ou un espace de retrait. Elle fait peur. Elle réveille, sans prévenir, cette vieille sensation de vide, ce vertige de n’être plus vu, plus entendu, plus aimé.
Il suffit parfois d’un silence plus long que d’habitude, d’un message sans réponse, pour que le cœur s’emballe. L’anxiété monte, irrationnelle mais bien réelle. Et certains, pour calmer cette angoisse, se jettent dans des comportements de compensation : nourriture, addictions, excès en tout genre. Comme pour remplir quelque chose. Comme pour ne pas s’écrouler.
Une dépendance affective qui ronge à petit feu
La blessure d’abandon peut aussi se transformer en une soif insatiable d’amour. Une sorte de vide intérieur que l’on cherche désespérément à combler par l’autre. On attend qu’il nous rassure, qu’il nous prouve, encore et encore, qu’il est là. Et qu’il restera.
Ce besoin de réassurance constante devient parfois envahissant, pour soi comme pour l’entourage. On s’accroche. On vérifie. On exige. Pas par caprice, mais parce qu’au fond, on a l’impression que si l’autre s’éloigne ne serait-ce qu’un peu, on risque de s’effondrer. Alors on devient dépendant. Affectivement. Émotionnellement. Et parfois même physiquement.
Une estime de soi en miettes
Quand on a été blessé par l’abandon, surtout jeune, on intègre parfois l’idée qu’on n’en valait pas la peine. Qu’on n’était pas assez. Pas assez intéressant. Pas assez aimable. Pas assez tout court.
Alors on grandit avec des croyances dures, tranchantes : Je ne suis pas digne d’amour. Je ne mérite pas d’être choisi(e). Si l’autre part, c’est que j’ai forcément fait quelque chose de mal. Et avec cette vision de soi amoindrie, on finit par s’effacer. À faire passer les autres avant. À s’excuser d’exister.
La culpabilité s’invite aussi. On se reproche les ruptures passées, les liens perdus. Même quand ce n’était pas notre faute.
Une hypersensibilité à fleur de peau
Une parole vague, un regard un peu distrait, un oubli anodin… et voilà que la blessure se rouvre. Ceux qui vivent avec la peur de l’abandon deviennent souvent très sensibles au moindre signe de distance. Une simple impression de rejet peut suffire à créer une crise intérieure. Comme si chaque interaction devenait un terrain miné.
Cela peut aussi générer une jalousie difficile à contrôler. On a peur d’être remplacé. D’être moins important que les autres. Et, dans cette tension constante, le besoin de contrôle se fait sentir : contrôler les relations, anticiper, vérifier, questionner. Non pas par méchanceté, mais par instinct de survie.
Une colère qui masque la douleur
Paradoxalement, cette blessure peut aussi faire naître une colère sourde. Une colère qui n’explose pas toujours, mais qui bouillonne. Et parfois, elle déborde. Parce qu’un mot, un geste, une absence nous fait ressentir, encore, cette injustice fondamentale : Pourquoi moi ? Pourquoi encore ? Pourquoi ça recommence ?
Alors on s’énerve. On repousse. On provoque. Mais en réalité, derrière la colère, c’est la peur qui parle. Et derrière la peur, c’est la peine qui cherche à se dire.
Un auto-sabotage affectif inconscient
Il y a aussi celles et ceux qui préfèrent prendre les devants : gâcher une relation avant qu’elle ne s’arrête. Provoquer des conflits, créer une distance, partir sans raison apparente. Parce qu’anticiper l’abandon, c’est parfois moins douloureux que de le subir.
On sabote. Non pas par méchanceté, encore une fois, mais par peur panique d’être à nouveau blessé. Et ce cercle vicieux ne fait que confirmer la croyance initiale : je ne mérite pas qu’on reste.
S’oublier pour ne jamais être quitté
Enfin, certains adoptent le masque du parfait people-pleaser. Toujours là, toujours aimable, toujours prêt à faire plaisir. Même au détriment de soi. Par peur d’être abandonné, on ne dit jamais non. On ne s’affirme pas. On avale les frustrations et on sourit.
Mais à force de se nier, on se perd. On finit par ne plus savoir ce qu’on veut vraiment, ce qui est bon pour soi. Et l’intérieur se vide peu à peu, malgré tous les efforts pour paraître fort, disponible, irréprochable.
Et le corps, lui aussi, se met à parler
Il ne faut pas l’oublier : une souffrance émotionnelle peut très bien s’inscrire dans le corps. Tensions chroniques, fatigue inexpliquée, insomnies, douleurs thoraciques, ou même crises d’hypocondrie… Le corps devient alors le relais d’une douleur plus ancienne, moins visible mais bien réelle.
« Et parfois, inconsciemment, il sert aussi à dire : regarde-moi, j’ai besoin d’attention. »
Conséquences émotionnelles de la blessure d’abandon
Le premier terrain affecté par la blessure d’abandon est la sphère émotionnelle. Cette blessure façonne souvent l’estime de soi et influe directement sur la stabilité psychologique.
- Anxiété et peur du rejet
Les personnes souffrant de cette blessure vivent fréquemment avec une crainte omniprésente d’être abandonnées. Une simple absence d’un proche ou un silence prolongé dans une conversation peuvent être perçus comme des menaces, déclenchant une réponse d’anxiété aiguë. Cette peur persiste souvent dans toutes les dimensions de la vie, qu’il s’agisse d’une relation amoureuse ou même d’un cadre professionnel. - Dépression et sentiment de vide
Le sentiment d’abandon crée un vide émotionnel intense. L’impression constante de ne pas être assez pour être aimé peut plonger une personne dans une spirale de dépression. Ce vide s’accompagne souvent d’une perte de joie de vivre et d’une difficulté à maintenir une vision positive du futur. - Estime de soi fragilisée
Quand on vit avec la blessure d’abandon, il est fréquent de croire que l’on n’est pas digne de recevoir de l’amour ou d’être apprécié. Ce manque d’estime de soi se renforce à chaque expérience relationnelle perçue comme un rejet, aggravant ainsi le problème.
Les comportements associés à la blessure d’abandon
Pour éviter de ressentir cette douleur profondément ancrée, beaucoup adoptent des mécanismes de défense ou des schémas comportementaux répétitifs.
- Dépendance affective
Les individus marqués par cette blessure s’accrochent souvent aux autres dans une quête insatiable de validation. Cette dépendance affective se manifeste par un besoin constant d’assurer la présence et l’affection des partenaires ou des amis, au point que cela peut devenir étouffant pour eux. - Comportement d’évitement
À l’opposé, certaines personnes choisissent de fuir les relations intimes par peur de revivre la souffrance d’un éventuel abandon. Ces comportements d’évitement se traduisent par des relations superficielles, une incapacité à s’engager ou un besoin de contrôler les interactions à distance émotionnelle. - Auto-sabotage relationnel
Paradoxalement, les personnes ayant peur de l’abandon peuvent être amenées à saboter inconsciemment leurs relations par crainte d’être rejetées. Par exemple, elles peuvent provoquer des disputes ou mettre fin à une relation en anticipant un rejet qui n’aurait peut-être jamais eu lieu.
Quand la peur d’être abandonné façonne nos relations
La blessure d’abandon ne reste pas confinée à l’intérieur. Elle déborde. Elle s’invite dans les liens qu’on tisse, dans les gestes qu’on offre, dans les mots qu’on n’ose pas dire. Elle se glisse, souvent sans bruit, dans nos relations les plus intimes – avec ceux qu’on aime, ceux qu’on admire, ceux qu’on redoute de perdre.
Elle agit comme un filtre, modifiant notre perception, dictant parfois nos réactions. Parfois, elle pousse à s’accrocher trop fort. D’autres fois, à s’éloigner trop vite. Et dans tous les cas, elle laisse derrière elle une trace d’insécurité, même dans les relations les plus sincères.
Dans le couple : entre fusion et peur du vide
C’est souvent dans la vie amoureuse que cette blessure se manifeste avec le plus de force. Parce que c’est là qu’on se dévoile, qu’on s’attache, qu’on espère. Et pour quelqu’un qui a connu l’abandon, aimer peut devenir un terrain glissant.
La relation devient alors un mélange de passion et d’angoisse. On demande des preuves d’amour comme on chercherait des bouées de sauvetage. Un mot, un geste, une absence prolongée… et tout peut vaciller. L’autre devient, sans le vouloir, garant de notre équilibre intérieur.
Et cette attente, parfois démesurée, finit par user la relation. Le partenaire se sent étouffé, pressé de rassurer encore et encore. Alors il s’éloigne. Ce qui confirme la peur initiale. Et le cycle recommence.
Parfois même, on s’en va avant d’être quitté. Par réflexe. Par défense. Comme pour dire : je reprends le contrôle avant que tu ne me fasses mal. Ou bien on saute d’une histoire à une autre, sans vraiment s’ancrer, dans l’espoir illusoire de trouver celle qui comblera enfin le vide.
En famille : les échos du passé
Quand la blessure vient d’un parent – et c’est souvent le cas – elle peut hanter la relation même des années plus tard. Une colère sourde peut s’installer : envers ce père absent, cette mère trop distante, ce parent qui n’a pas su être là au bon moment.
Parfois, au contraire, on cherche désespérément à regagner son amour. On attend un mot, une reconnaissance, une réparation… qui ne vient pas toujours.
Dans la famille qu’on crée ensuite – avec un conjoint, des enfants – cette insécurité peut se rejouer sous d’autres formes. On devient hypervigilant, anxieux, parfois possessif. On surinterprète le moindre éloignement comme une menace. On s’inquiète pour ses enfants plus que de raison. Ou, à l’inverse, on prend sur soi, on endosse le rôle du pilier pour ne jamais être mis à l’écart.
Et sans qu’on le veuille, la blessure d’hier peut devenir le moteur de tensions, de non-dits, de malentendus dans le foyer d’aujourd’hui.
En amitié : entre fusion et frustration
L’amitié aussi en prend un coup. Pour certains, c’est l’attente d’un meilleur ami exclusif, toujours là, toujours disponible. Un ami qu’on idéalise un peu trop, qu’on espère entièrement dévoué.
Mais la réalité, c’est que les gens ont leurs vies, leurs rythmes. Et le moindre silence peut être interprété comme un désintérêt, voire une trahison. Alors on s’éloigne. On coupe les ponts. On boude. Non pas par caprice, mais parce qu’on a mal.
D’autres, au contraire, peinent à s’attacher. Ils gardent leurs distances. Ils n’osent pas trop s’investir, par peur de revivre encore une déception. Dans tous les cas, le lien amical devient instable, fait de va-et-vient émotionnels qui fatiguent tout le monde.
Et comme dans les autres sphères, dire non, poser des limites, affirmer ses besoins… reste un exercice périlleux. Alors on s’efface. Et l’on finit, parfois, par se sentir seul malgré les autres.
Dans le monde du travail : quand l’abandon s’invite au bureau
On pourrait croire que la sphère professionnelle est épargnée. Et pourtant… C’est un terrain où la blessure se rejoue plus souvent qu’on ne le pense.
Une remarque du manager perçue comme un rejet. Un désaccord vécu comme un désamour. Une décision mal comprise qui ranime la peur de ne pas être « choisi ».
Alors on fait tout pour plaire. On dit oui à tout. On cherche l’approbation. On devient le collaborateur parfait, toujours volontaire, toujours disponible. Même au détriment de sa santé, de son équilibre, de sa vie.
Mais cette quête de reconnaissance ne remplit jamais vraiment le vide. Et parfois, à force de ne pas poser de limites, de ne pas dire ce qui dérange, on se retrouve épuisé, vidé, voire en burn-out. Avec en prime cette impression amère : j’ai donné tant… pour si peu.
À l’inverse, certaines personnes blessées se coupent des relations professionnelles, par peur de décevoir ou de ne pas être à la hauteur. Elles se replient, évitent les projets, refusent les promotions. Non pas parce qu’elles manquent de talent, mais parce qu’elles ne se croient pas dignes d’être vues, entendues, valorisées.
« La blessure d’abandon, bien que douloureuse et complexe, peut devenir une opportunité de transformation personnelle«
Guérir cette blessure : un chemin, pas une ligne droite
Guérir d’une blessure d’abandon, ce n’est pas tirer un trait du jour au lendemain. C’est un cheminement, parfois long, parfois sinueux, souvent intime. Mais c’est un chemin possible. Et surtout, profondément transformateur.
Le but n’est pas de ne plus jamais avoir peur. La peur fait partie de la vie. Mais il s’agit de ne plus vivre au rythme de cette peur, de ne plus laisser ce vide intérieur prendre les commandes de notre existence et de nos relations. C’est apprendre, peu à peu, à se sentir en sécurité en soi, indépendamment du regard, de la présence ou de l’amour des autres.
Ce travail peut prendre différentes formes. Il existe autant de voies que de sensibilités. L’important, c’est de trouver celle(s) qui résonnent pour soi.
Les thérapies classiques : poser des mots, explorer les racines
La première étape, pour beaucoup, passe par un accompagnement thérapeutique. Trouver un espace neutre, sécurisant, où l’on peut déposer ce qu’on a souvent gardé pour soi pendant des années. Un lieu où l’on est écouté, sans jugement, avec bienveillance.
Plusieurs approches peuvent aider :
La psychanalyse ou les thérapies d’inspiration analytique
Elles permettent d’explorer les racines de la blessure. De remonter aux premiers liens, à l’enfance, à ce qui a manqué. On revisite les souvenirs, les relations fondatrices, pour mieux comprendre d’où vient cette peur d’être laissé de côté. Ce travail prend du temps, mais il a la profondeur d’une réconciliation avec son passé. Et surtout, il redonne la main à l’adulte qu’on est devenu.
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC)
Plus courtes, plus structurées, elles visent à modifier les pensées et comportements qui nourrissent l’angoisse d’abandon. Identifier ses croyances limitantes (« je ne vaux rien », « on finit toujours par m’oublier »), apprendre à les remettre en question, et construire des schémas plus sereins, plus autonomes. Des outils concrets (exercices, mise en situation, relaxation) accompagnent souvent le processus.
Les thérapies des schémas ou de l’attachement
Elles se penchent sur les mécanismes profonds que l’on rejoue malgré soi dans nos relations. Le thérapeute aide à mettre en lumière les schémas récurrents (ex. : chercher toujours les mêmes partenaires, fuir l’engagement, s’accrocher excessivement, etc.) et à reconstruire une sécurité affective en séance, souvent par une forme de « rééducation émotionnelle » qui passe par le lien thérapeutique lui-même.
Les groupes de parole ou thérapies de couple
Partager son vécu avec d’autres, se sentir moins seul, mettre des mots dans un cadre bienveillant, peut aussi être une étape précieuse. Quant aux thérapies de couple, elles sont parfois indispensables quand la blessure d’un partenaire pèse trop lourd sur la relation. Elles permettent de réapprendre à dialoguer, à poser ses besoins, sans demander à l’autre de combler tous les manques.
L’hypnose : accéder à l’inconscient sans s’y perdre
Certaines personnes trouvent un soulagement profond grâce à l’hypnose thérapeutique. En état modifié de conscience, on peut revisiter des souvenirs d’enfance, rencontrer symboliquement son enfant intérieur, ou encore déconstruire des croyances inscrites dans l’inconscient. L’hypnose ericksonienne, en particulier, laisse une grande liberté à l’imaginaire et respecte le rythme de chacun.
Ce travail ne remplace pas un suivi thérapeutique classique, mais peut le compléter efficacement, notamment pour désamorcer des peurs enracinées sans revivre le traumatisme de plein fouet.
Approches complémentaires : prendre soin de soi, autrement
Il existe aussi de nombreuses pratiques qui, sans être des thérapies à proprement parler, peuvent aider à renouer avec soiet à développer une forme de sécurité intérieure.
L’écriture personnelle (journaling)
Tenir un journal intime reste l’un des outils les plus accessibles et puissants. On y couche ses émotions, ses peurs, ses colères, ses élans. On y trace son chemin, ses prises de conscience, ses victoires minuscules mais significatives.
Certains choisissent d’écrire des lettres – sans forcément les envoyer – à ceux qui les ont blessés, ou à l’enfant qu’ils étaient. Ces lettres sont souvent des tremplins pour poser ce qui n’a jamais été dit. Pour comprendre. Pour libérer.
La pleine conscience et la méditation
Revenir à l’instant présent, encore et encore. Apprendre à observer ses pensées sans s’y identifier, à respirer dans l’angoisse plutôt que de se laisser happer par elle. Méditer, c’est aussi se reconnecter au corps, aux sensations, au souffle. C’est apprendre à se rassurer depuis l’intérieur, au lieu d’attendre que quelqu’un vienne nous apaiser.
Des pratiques comme la sophrologie, le yoga, ou la cohérence cardiaque (respiration guidée) peuvent également aider à apaiser le mental et à réduire l’hyperactivité émotionnelle.
L’auto-compassion
C’est l’un des piliers de la guérison. Car bien souvent, les personnes blessées par l’abandon sont très sévères avec elles-mêmes. Elles s’en veulent de « ne pas aller mieux », de « trop ressentir », de « demander trop ».
Apprendre à se parler comme on parlerait à un ami, à se féliciter pour chaque petit pas, à accueillir ses émotions sans jugement, c’est poser les premières pierres d’une estime de soi plus stable, plus douce, plus vraie. passées, il est possible non seulement de guérir mais aussi de s’épanouir dans des connexions plus profondes et plus équilibrées avec les autres.
Une dimension plus vaste : spiritualité, astrologie et guérison intérieure
Pour certaines personnes, le chemin vers la guérison de la blessure d’abandon ne passe pas uniquement par la psychothérapie ou la pleine conscience. Il prend aussi une teinte plus intuitive, symbolique, voire spirituelle. Parce que ce type de blessure touche à l’essence du lien, au sentiment d’exister pour l’autre, beaucoup ressentent le besoin d’aller chercher des réponses – et des ressources – dans des voies moins rationnelles, mais tout aussi transformatrices.
L’astrologie : un miroir de l’âme blessée
L’astrologie psychologique ou karmique peut devenir un véritable miroir. En étudiant son thème natal, on repère souvent des aspects liés à la peur de l’abandon : une Lune mal aspectée, une maison IV blessée, une absence de figures maternelles dans le ciel astral… Autant d’indices qui permettent de mieux comprendre ses vulnérabilités émotionnelles, non pas comme des fatalités, mais comme des chemins d’évolution.
Certains astrologues mettent aussi en lumière les noeuds lunaires, qui reflètent les bagages émotionnels du passé et les apprentissages à réaliser dans cette vie. La blessure d’abandon, dans ce cadre, devient une épreuve d’âme – douloureuse, mais porteuse de sens si elle est traversée en conscience.
D’ailleurs, la rencontre avec un partenaire qui active cette blessure peut être vue comme une « mission d’âme » : ce n’est pas un hasard si cette relation fait mal… mais peut aussi nous faire grandir.
Le symbolique et les rituels : créer un espace pour guérir
Face à une blessure aussi intime, les rituels symboliques offrent un espace sacré, hors du temps, pour transformer la douleur. Écrire une lettre à son enfant intérieur, brûler un papier sur lequel on a noté ce que l’on souhaite laisser derrière soi, allumer une bougie en pensant à ceux qui n’ont pas su aimer, fabriquer un autel personnel avec des objets qui nous rassurent…
Ces gestes simples ont une puissance psychique réelle. Ils aident à remettre du sens, à faire la paix, à tourner une page intérieure. Ils invitent aussi à reprendre le pouvoir sur ce que l’on a subi.
Retrouver l’enfant intérieur
Cette notion peut sembler abstraite. Pourtant, « rencontrer son enfant intérieur » est une pratique profondément réparatrice. Il ne s’agit pas de jouer à l’enfant, mais d’accueillir en soi la part vulnérable, blessée, qui attend encore une forme d’amour inconditionnel.
On peut dialoguer avec lui, visualiser un câlin symbolique, le rassurer, lui parler avec les mots qu’on aurait aimé entendre à 5 ou 7 ans. Ce lien intérieur, une fois établi, devient une source précieuse d’autonomie affective. C’est en prenant soin de cet enfant que l’adulte commence à se sentir complet, digne, capable d’aimer sans se perdre.
Cultiver des racines solides : la spiritualité au quotidien
Enfin, certaines pratiques aident à retrouver un sentiment d’ancrage, de lien à plus grand que soi. Ce peut être la prière, le chant sacré, les cercles de femmes ou d’hommes, la lecture de textes inspirants, la connexion à la nature…
Ce retour à l’essentiel – à ce qui apaise l’âme quand le monde semble s’éloigner – peut faire naître une paix durable, une confiance plus profonde que la simple présence d’un autre.
Et après ?
Guérir d’une blessure d’abandon ne signifie pas ne plus jamais ressentir de peur, ni ne plus être touché par le départ de quelqu’un. Cela signifie surtout avoir les ressources en soi pour rester debout, pour ne plus se perdre, pour choisir l’amour – de soi, des autres – sans s’y engloutir.
C’est une danse. Parfois fragile. Parfois puissante. Mais toujours précieuse.
Les signes peuvent inclure une dépendance affective excessive, des peurs chroniques d’abandon, une faible estime de soi et des comportements d’auto-sabotage dans les relations.
Cela peut inclure la dépendance affective, l’évitement des relations intimes et l’auto-sabotage relationnel.
Elle peut engendrer un attachement anxieux, des malentendus et des ruptures fréquentes dans les relations.
Oui, des approches telles que la psychothérapie, la méditation et le travail sur l’estime de soi peuvent aider à guérir.
Des signes émotionnels incluent l’anxiété, la dépression et la fragilité de l’estime de soi, tandis que des signes physiques peuvent inclure des tensions musculaires et des troubles du sommeil.